EGLISE UNIVERSELLE
LE SYNODE SUR LA SYNODALITE
FIN DU SYNODE SUR LA SYNODALITE CE 26 OCTOBRE 2024 A ROME
Après trois années de réflexion, le Synode sur la synodalité lancé par le pape François a abouti dans la soirée du 26 octobre 2024 avec le vote d’un document final. Diaconat féminin, décentralisation, montée en puissance des laïcs et culture de la transparence… Décryptage des principaux points.
C’est l’aboutissement de trois années de processus. Lancé par le pape François il y a trois ans, le Synode sur la synodalité lancé par le pape François a abouti dans la soirée du 26 octobre 2024 avec le vote par les 356 membres de l’assemblée réunie dans la salle Paul VI du Vatican.
Fait rare : le pape François a immédiatement déclaré qu’il l’approuvait « expressément » et qu’il ne produirait pas d’exhortation apostolique post-synodale. Le texte entre donc immédiatement dans le magistère du pape. Ce dernier a toutefois pris la peine de préciser qu’il était non normatif.
Une Église qui « se salit les mains pour servir le Seigneur »
La messe de clôture a été célébrée dimanche en la basilique Saint-Pierre de Rome, en présence des participants au Synode : cardinaux, évêques, religieux, laïcs et délégués fraternels ainsi que les représentants des autres confessions chrétiennes.
Devant près de 5 000 fidèles, le pape François a déclaré que « nous n’avons pas besoin d’une Église qui s’assoit et abandonne, mais d’une Église qui accueille le cri du monde et – je tiens à le dire, peut-être que certains seront scandalisés – une Église qui se salit les mains pour servir le Seigneur. »
« Frères, sœurs » a-t-il ajouté, « pas une Église assise, une Église debout. Pas une Église silencieuse, une Église qui entend le cri de l’humanité. Pas une Église aveugle, mais une Église éclairée par le Christ qui apporte aux autres la lumière de l’Évangile. Pas une Église statique, une Église missionnaire, qui marche avec le Seigneur sur les routes du monde. »
Relancer l’Église vers la mission
Parmi les grands sujets abordés dans le document final, émergent les thèmes essentiels discutés en octobre : l’importance de rendre l’Église plus participative, inclusive et moins cléricale, la reconnaissance du rôle des laïcs dans la gouvernance – et notamment celui des femmes, l’importance des relations au sein de l’Église et avec le monde, la décentralisation des décisions ecclésiales ainsi que la transparence.
Ce « document est un don pour tout le peuple fidèle de Dieu, dans la diversité de ses expressions. Ce que nous avons vécu est un don que nous ne pouvons pas garder pour nous. L’élan qui découle de cette expérience, dont le document est le reflet, nous donne le courage de témoigner qu’il est possible de cheminer ensemble dans la diversité, sans se condamner l’un l’autre » a déclaré le pape.
Le but ultime de ce document synodal étant de relancer l’Église vers la mission : « L’Église synodale pour la mission a maintenant besoin que les paroles partagées soient accompagnées d’actes. Et c’est cela le chemin. »
Le Document final du Synode soulève la possibilité d'étendre aux laïcs la célébration des mariages et des baptêmes dans le cadre de "ministères laïcs". Une disposition déjà prévue dans le Code de Droit canonique, à titre exceptionnel.
Après un mois d’échanges, la seconde assemblée du Synode sur la synodalité a abouti, dans la soirée du 26 octobre 2024, au vote du Document final par les 356 membres de l’assemblée. Fait rare, le pape François a déclaré qu’il l’approuvait "expressément" et qu’il ne produirait pas d’exhortation apostolique post-synodale, l’intégrant ainsi directement au magistère. Le Document final est composé de 155 articles, ébauchant les contours de l’Église de demain. Parmi les grandes lignes figurent la triple volonté d’arriver à une plus grande décentralisation des décisions ecclésiales, de poursuivre la lutte contre les abus dans l’Église et de faire monter en responsabilité les laïcs dans la gouvernance des paroisses et des diocèses.
Dans cette dernière perspective, plusieurs propositions ont été étudiées pour faire davantage participer les laïcs, hommes et femmes, à la gouvernance de l’Église, à commencer par la réflexion sur le diaconat féminin, revenue en force lors de cette seconde assemblée. C’est l’article qui a provoqué le plus de résistance avec 97 voix contre. "Il n’y a pas de raison ou d’obstacle qui devrait empêcher les femmes d’exercer des rôles de guide dans l’Église : ce qui vient de l’Esprit Saint ne peut pas être arrêté", affirme le Document, avant de conclure qu' "il convient de poursuivre le discernement à cet égard". En outre, le Synode demande de rendre "obligatoire" la tenue de conseils paroissiaux avec la participation de laïcs, et invite expressément à promouvoir davantage de "ministères laïcs", comme les ministères de lecteur et d’acolyte, ou encore de catéchiste. Dans cette optique des ministères, l’assemblée propose d’examiner "la possibilité d’étendre et de stabiliser" la célébration des baptêmes et des mariages par des laïcs : "Le droit canonique des Églises de rite latin et oriental prévoit déjà que, dans certains cas, les fidèles laïcs, hommes ou femmes, peuvent être des ministres extraordinaires du baptême. Dans l’Église de rite latin, l'évêque (avec l'autorisation du Saint-Siège) peut déléguer l’assistance aux mariages à des fidèles laïcs, hommes ou femmes", souligne le Document. "Selon les besoins et les contextes locaux, il conviendrait d'envisager d'étendre et de stabiliser ces possibilités d'exercice des ministères laïcs." Une exception permise actuellement sous certaines conditions.
Vers la généralisation d’une exception ?
Le Code de Droit canonique stipule que "seuls sont valides les mariages contractés devant l'Ordinaire du lieu ou bien devant le curé, ou devant un prêtre ou un diacre délégué par l'un d'entre eux, qui assiste au mariage, ainsi que devant deux témoins" (Can. 1108). Mais il évoque également des exceptions, notamment l’assistance à des mariages par des laïcs. On parle bien d’ "assister" à un mariage, puisque le sacrement est conféré mutuellement par les époux devant le ministre qui, lui, assiste et reçoit leur consentement au nom de l’Église. Une possibilité encadrée toutefois par certaines conditions : une pénurie de prêtres et de diacres, la double autorisation de l’évêque diocésain et du Saint-Siège, et la compétence du laïc en question. "Là où il n'y a ni prêtre ni diacre, l'Évêque diocésain, sur avis favorable de la conférence des Évêques et avec l'autorisation du Saint-Siège, peut déléguer des laïcs pour assister aux mariages. Il faudra choisir un laïc idoine, capable de donner une formation aux futurs époux et apte à accomplir convenablement la liturgie du mariage" (Can. 1112), souligne le Code de Droit canonique.
De même, pour le baptême, si "le ministre ordinaire du baptême est l'Évêque, le prêtre et le diacre" (Can. 861), "dans le cas de nécessité, toute personne agissant avec l'intention requise" peut baptiser.
De nombreuses incitations et propositions parsèment ce document composé de 155 paragraphes. La question de la place et du rôle des femmes dans l’Église, très débattue durant tout le mois de travail écoulé, est bien présente. La question spécifique du diaconat féminin, évacuée de cette dernière session par le pape, refait surface dans un paragraphe, preuve de la détermination de certains membres à ne pas voir cette réflexion s’enliser.
Au-delà des propositions singulières – comme la tenue d’un Synode pour le Moyen-Orient, le fait que des laïcs pourraient célébrer des mariages ou bien la réflexion sur un ministère de l’écoute -, ce Synode pose les bases d’une plus grande décentralisation dans l’Église catholique. Il confirme la volonté de voir les laïcs monter en responsabilité dans la gouvernance des paroisses et des diocèses. En outre, le document plaide à de nombreuses reprises pour la mise en place d’une culture de la transparence dans l’Église afin de lutter contre le cléricalisme et tous types d’abus. Voici les grandes orientations de ce document final.
SYNODE : LES ARTICLES LES PLUS CONTESTES DU DOCUMENT FINAL
Si la totalité des articles qui composent le document final du Synode sur la Synodalité ont été votés le 26 octobre, certains ont néanmoins été contestés.
Les 155 articles qui composent le Document final du Synode sur la Synodalité ont été tous votés et adoptés à la majorité des deux tiers lors de l’ultime journée, le 26 octobre 2024. La plupart ont été très largement approuvés mais certains paragraphes ont toutefois été contestés. L’un d’entre eux a recueilli plus d’un quart de votes défavorables.
LA RÉFLEXION SUR LE DIACONAT FÉMININ
97 voix contre, soit 27 % des suffrages exprimés
Cette question avait pourtant été extraite des débats de l’assemblée, puisque le pape avait confié les thèmes les plus délicats du Synode à 10 groupes de travail qui rendront leurs conclusions en juin 2025. Mais une partie de l’assemblée a fait savoir son mécontentement, interpellant notamment le responsable du groupe de travail en question, à savoir le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi. En mai dernier, le pape François avait dans un entretien clairement écarté la possibilité d’ordonner des femmes diacres. Le fait de voir le sujet revenir dans un document final approuvé par le pontife montre que le Synode a fait bouger des lignes.
"Il n’y a aucune raison d’empêcher les femmes d’assumer des rôles de direction dans l’Église", martèle aussi l’assemblée dans le même paragraphe, qui déplore les "obstacles" qu’elles rencontrent pour leur participation à la vie de l’Église. Concernant le diaconat permanent – réservé aux hommes -, le document final demande qu’il soit approfondi et promu dans les régions où il reste encore méconnu.
"En vertu du Baptême, l’homme et la femme jouissent d’une égale dignité dans le Peuple de Dieu. Cependant, les femmes continuent à rencontrer des obstacles pour obtenir une plus grande reconnaissance de leurs charismes, de leur vocation et de leur place dans les diverses sphères de la vie de l’Église, au détriment du service de la mission commune.
L’Écriture atteste du rôle prépondérant de nombreuses femmes dans l’histoire du salut. Une femme, Marie de Magdala, a été chargée de la première annonce de la Résurrection ; le jour de la Pentecôte, Marie, la Mère de Dieu, était présente au Cénacle, avec beaucoup d’autres femmes qui avaient suivi le Seigneur.
Il est important que les passages pertinents de l’Écriture trouvent un espace adéquat dans les lectionnaires liturgiques. Certains moments cruciaux de l’histoire de l’Église confirment la contribution essentielle des femmes animées par l’Esprit. Les femmes constituent la majorité des fidèles et sont souvent les premiers témoins de la foi dans les familles. Elles sont actives dans la vie des petites communautés chrétiennes et des paroisses ; elles dirigent des écoles, des hôpitaux et des centres d’accueil ; elles mènent des initiatives de réconciliation et de promotion de la dignité humaine et de la justice sociale.
Les femmes contribuent à la recherche théologique et occupent des postes à responsabilité dans les institutions liées à l’Église, la Curie diocésaine et la Curie romaine. Il y a des femmes qui occupent des postes d’autorité ou qui dirigent des communautés. Cette Assemblée appelle à la pleine mise en œuvre de toutes les possibilités déjà prévues par la législation actuelle concernant le rôle des femmes, en particulier dans les endroits où elles ne sont pas encore exploitées. Il n’y a aucune raison pour que les femmes n’assument pas des rôles de leadership dans l’Église : ce qui vient de l’Esprit saint ne peut être arrêté.
La question de l’accès des femmes au ministère diaconal reste également ouverte. Il convient de poursuivre le discernement à cet égard. L’Assemblée demande également qu’une plus grande attention soit portée au langage et à l’imagerie utilisés dans la prédication, l’enseignement, la catéchèse et la rédaction des documents officiels de l’Église, en donnant plus de place à la contribution des saintes, des théologiennes et des mystiques."
L’AUTORITÉ DOCTRINALE DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES
45 voix contre, soit 13 % des suffrages exprimés
"Les Conférences épiscopales expriment et réalisent la collégialité des évêques pour favoriser la communion entre les Églises et répondre plus efficacement aux besoins de la vie pastorale. Elles sont un outil fondamental pour créer des liens, partager des expériences et des bonnes pratiques entre les Églises, adapter la vie chrétienne et l’expression de la foi aux différentes cultures. Elles jouent également un rôle important dans le développement de la synodalité, avec l’implication de tout le Peuple de Dieu. Sur la base de ce qui est apparu au cours du processus synodal, il est proposé de :
a) Recueillir les fruits de la réflexion sur le statut théologique et juridique des Conférences épiscopales ;
b) Préciser l’étendue de la compétence doctrinale et disciplinaire des Conférences épiscopales. Sans compromettre l’autorité de l’évêque dans l’Église qui lui est confiée, ni mettre en péril l’unité et la catholicité de l’Église, l’exercice collégial de cette compétence peut favoriser l’enseignement authentique de l’unique foi de manière adéquate et inculturée dans les différents contextes, en identifiant les expressions liturgiques, catéchétiques, disciplinaires, pastorales, théologiques et spirituelles appropriées (cf. AG 22)
UNE LITURGIE PLUS SYNODALE ET LA PRÉDICATION
43 voix contre, soit 12 % des suffrages exprimés
"Il existe un lien étroit entre synaxis et synodos, entre l’assemblée eucharistique et l’assemblée synodale. Bien que sous des formes différentes, la promesse de Jésus d’être présent là où deux ou trois sont réunis en son nom se réalise dans les deux cas (cf. Mt 18,20). Les assemblées synodales sont des événements qui célèbrent l’union du Christ avec son Église par l’action de l’Esprit. C’est Lui qui assure l’unité du Corps ecclésial du Christ dans l’assemblée eucharistique comme dans l’assemblée synodale. La liturgie est une écoute de la Parole de Dieu et une réponse à son initiative d’alliance. L’assemblée synodale, elle aussi, est une écoute de cette même Parole, qui résonne aussi bien dans les signes des temps que dans le cœur des fidèles, et une réponse de l’assemblée qui discerne la volonté de Dieu pour la mettre en pratique.
DES ORGANISMES "DÉLIBÉRATIFS" POUR ÉPAULER LES ÉVÊQUES
39 voix contre, soit 11% des suffrages exprimés
"Dans une Église synodale, la compétence décisionnelle de l’Évêque, du Collège des Évêques et de l’Évêque de Rome est inaliénable, car elle est enracinée dans la structure hiérarchique de l’Église établie par le Christ au service de l’unité et du respect de la diversité légitime (cf. LG 13). Cependant, elle n’est pas inconditionnelle : une orientation qui émerge dans le processus consultatif comme le résultat d’un discernement correct, surtout s’il est effectué par les organes participatifs, ne peut pas être ignorée.
Une opposition entre consultation et délibération est donc inappropriée : dans l’Église, la délibération se fait avec l’aide de tous, jamais sans que l’autorité pastorale ne décide en vertu de sa charge. C’est pourquoi la formule récurrente du Code de droit canonique, qui parle d’un vote "simplement consultatif" (tantum consultivum), doit être réexaminée pour éliminer d’éventuelles ambiguïtés. Une révision des normes canoniques dans une clé synodale semble donc opportune, laquelle clarifierait à la fois la distinction et l’articulation entre consultatif et délibératif, et éclairerait les responsabilités de ceux qui prennent part aux processus décisionnels dans leurs diverses fonctions.

LES ETAPES PARCOURUES
LES ETAPES DU SYNODE SUR LA SYNODALITE
Phase diocésaine (octobre 2021-15 août 2022)
- 9 et 10 octobre 2021 : Célébration d’ouverture du synode par le pape François
- 17 octobre 2021 : Célébration d’ouverture du synode dans les Églises particulières
- Août 2022 : Synthèse de cette phase synodale
- Septembre 2022 : Instrumentum Laboris 1
Phases régionale et continentale (septembre 2022 - mars 2023)
- À partir de septembre 2022 : Assemblées ecclésiales régionales et continentales.
- Mars 2023 : Remise des documents finaux des assemblées régionales et continentales
- Juin 2023 : Instrumentum Laboris 2
Phase universelle
- 4-29 octobre 2023 : première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques
- 9 juillet 2024 : Instrumentum Laboris 3
- 30 septembre au 1er octobre 2024 : retraite spirituelle des participants au Synode
- 2-27 octobre 2024 : deuxième session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques"
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